Ce chiffre peut semble étonnant, voire incroyable compte-tenu de la quantité de médicaments existants sur le marché. Et pourtant, c’est la conclusion à laquelle est arrivé un groupe de 10, puis 24 médecins français, internistes et généraliste qui a planché sur le sujet depuis 2011. 95% des maladies pourraient être soignées par 150 à 200 médicaments en tout et pour tout, si l’on exclut les vaccins et certains médicaments très spécifiques permettant de traiter des maladies rares. Pour chaque pathologie, les médecins ont fait jouer leur expérience professionnelle et les données issues de la littérature scientifique. C’est ainsi qu’en 2014, ce groupe de travail a pu proposer une première liste de 151 médicaments essentiels. Cette liste a pu ainsi servir de point de départ à un travail de validation plus large qui se poursuit actuellement et auquel environ 130 médecins participent. Ceci pourrait conduire à l’établissement d’une liste officielle, encadrée légalement, en 2016 déjà.
La France n’est cependant pas le premier pays à tenter de rationaliser la prise et la prescription des médicaments. La Suède a adopté ce principe dès le début des années 2000 et aujourd’hui, 200 médicaments représentent 90% des prescriptions à Stockholm. Evidemment, au gré des nouvelles mises sur le marché et de l’apparition de médicaments réellement innovants, une remise à jour est effectuée chaque année.
Quelles sortes de médicaments retrouve-t-on dans ces listes ? Classés par pathologies (hypertension, infections, troubles gastriques, inflammations…), ils sont évalués en fonction de critères tels que l’efficacité, la sécurité d’emploi ou encore leur historique d’utilisation. C’est logique : plus un médicament est ancien, mieux on le connait. Quant au prix, il n’a pas été pris en compte. C’est ainsi que parmi les médicaments listés, on retrouve le paracétamol (anti-douleur), l’ibuprofène ou le naproxène (anti-inflammatoires). On y trouve aussi des molécules comme la metformine (anti-diabétique), la fluoxétine (anti-dépresseur) ou l’amoxicilline (antibiotique). D’autres, par contre, pourtant très prescrites, n’ont pas trouvé grâce auprès du groupe de médecins concernés. Citons en vrac le citalopram (antidépresseur), les gliptines comme le Januvia (anti-diabétique), le celecoxib (Celebrex, anti-inflammatoire) ou la glucosamine (anti-arthrosique).
Une précision s’impose : le fait qu’un médicament n’ait pas été retenu ne signifie pas qu’il est forcément inefficace ou dangereux. Cela signifie simplement que pour une pathologie donnée, le groupe de recherche a estimé qu’une autre molécule – parfois de la même classe thérapeutique, d’ailleurs – était un meilleur choix. C’est ainsi que parmi les statines (classe de molécules agissant contre le cholestérol), la simvastatine (Zocor) fait partie de la liste, tandis que la rosuvastatine (Crestor) n’en fait pas partie. Les deux agissent, mais la simvastatine présente des critères d’utilisation que les médecins ont jugé supérieurs à d’autres molécules de la même famille. On peut donc supposer qu’elle devrait être prescrite comme premier choix.
Tout cela doit également nous amener à nous demander, parmi les dizaines de « nouveautés » qui arrivent sur le marché chaque années, lesquelles représentent une réelle innovation et une réelle plus-value pour le patient. C’est là que le professionnel de santé a un rôle à jouer. Le médecin en tant que prescripteur, mais aussi le pharmacien. Car est-il vraiment nécessaire de pouvoir choisir entre 50 sirops pour la toux différents, là où 4 ou 5 pourraient suffire ? A vous de juger.
Bonne semaine
Did