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Le ventre, ce deuxième cerveau…(Partie II)

Suite de la semaine dernière où nous avons pu constater l’influence considérable de notre flore intestinale sur ce que nous sommes. Or, force est de constater que notre mode de vie moderne n’est pas forcément le meilleur qui soit pour nous assurer un microbiote en parfaite santé : alimentation déséquilibrée trop riche en graisses et en sucres et trop pauvre en fibres, utilisation exagérée des antibiotiques, naissances par césarienne en augmentation et diminution de l’allaitement au profit de laits du commerce…tout ceci contribue à appauvrir notre flore intestinale. Ainsi, une personne sur quatre dans les pays industrialisés a un déficit en bactéries intestinales de 40%. De là, les chercheurs n’hésitent pas à tracer un parallèle avec la prolifération de maladies telles que l’obésité, le diabète, mais aussi schizophrénie, autisme, allergies, cancers ou sclérose en plaques. Sans parler des pathologies gastro-intestinales. Notons cependant que pour certaines de ces maladies, le lien de cause à effet n’est pas encore formellement démontré et une perturbation de la flore ne saurait être le seul facteur déclenchant. Mais enfin, de nombreuses études semblent aller dans cette direction. Et c’est plutôt une excellente nouvelle, car cela ouvre de nouvelles perspectives de traitements mais aussi de prévention de ces maladies.

Bien sûr, le corollaire de ce qu’on écrivait plus haut, c’est qu’il faudrait avant tout manger équilibré, ne faire usage des antibiotiques ou des césariennes que lorsqu’ils sont absolument nécessaires et privilégier l’allaitement au sein. A l’avenir, cependant, les mesures ne se limiteront pas à cela. Il sera possible de faire analyser son microbiote afin d’y détecter des anomalies et d’y remédier. A ce sujet, l’utilisation des prébiotiques et des probiotiques prend tout son sens. Les prébiotiques – dont on avait déjà discuté dans billet du 15 décembre 2013 – sont des aliments et compléments alimentaires qui favorisent le développement des « bonnes » bactéries. Une autre stratégie consiste en l’importation de nouvelles bactéries directement dans notre corps : ce sont les probiotiques. Des études suggèrent une réelle efficacité sur toutes les maladies dont on a parlé plus haut et avec l’avantage de ne présenter quasiment pas d’effets secondaires. Autre piste à l’étude, la transplantation fécale, c’est-à-dire le transfert des bactéries intestinales d’un individu sain vers un individu malade. Même si le concept peut paraître peu ragoutant, les premiers tests se sont avérés encourageants et des essais cliniques sont actuellement en cours.

Quoi qu’il en soit, il y a fort à parier que la thérapie microbiotique va prendre de plus en plus de place dans la médecine de demain. A suivre, donc.

Bonne semaine

Did

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