Cette semaine, allons-y pour un peu de démystification.
Il y a encore 20 ou 30 ans, la pharmacie de quartier était une entreprise rentable et le pharmacien avait la réputation de bien gagner sa vie. Cette réputation perdure encore aujourd’hui, et, si il est vrai que peu de pharmaciens pointent au chômage, la donne a passablement changé. A l’heure actuelle, bon nombre de petites pharmacies peinent à trouver un second souffle face à des pressions de plus en plus contraignantes. Pressions des grandes chaînes qui peuvent se permettre une politique des prix agressive sur laquelle une pharmacie isolée ne peut s’aligner. Pressions sur les marges sur les médicaments qui ne cessent de se réduire. Bien sûr, les médicaments restent souvent chers. Mais quel est le revenu réel du pharmacien sur un emballage d’injections à 900 francs ? Environ 80 francs. Sur un emballage de comprimés contre l’hypercholestérolémie à 200 francs ? Environ 30 francs. Sur un emballage de Dafalgan ? Ici, le prix peut varier d’une enseigne à l’autre. La marge sera comprise entre 40 et 50%. Cela semble beaucoup, mais le Dafalgan coûte entre 2fr50 et 3 francs. Entre 1 franc et 1fr50 de marge par emballage, il faudra en vendre beaucoup pour faire tourner la boutique. Il est donc demandé aux pharmacies beaucoup d’efforts pour participer à une limitation des coûts de la santé. C’est oublier un peu vite que les dépenses de santé liées à l’achat de médicaments ne pèsent que 8 à 9% des coûts de santé totaux à l’échelle nationale (chiffres de l’Office fédéral de la Statistique, 2011). Et ces dépenses sont stables, voire en diminution, par rapport aux années 90. Et puis, c’est oublier également que la pharmacie de proximité participe aux réductions des coûts d’une manière indirecte : lorsqu’un patient vient chez nous pour un conseil ou un petit bobo, il reçoit conseils et soins de manière gratuite et évite de ce fait une consultation médicale coûteuse et souvent inutile. Par comparaison d’ailleurs, les coûts liés aux visites chez le médecin (dentistes inclus), sont de l’ordre de 23% des dépenses de santé totales en 2011. La palme, en matière de coût, revient cependant, vous l’aviez sans doute deviné, aux hôpitaux avec 36%. Les établissements médicaux-sociaux représentent une part également importante avec 17%. De quoi réfléchir sur l’impact des uns et des autres…N’hésitez pas à donner vos impressions sur le sujet.
Bonne fin de semaine
Did